Après une première baisse de 30% des aides à l’installation d’appareils de chauffage au bois appliquée au 1er avril 2024, le gouvernement prépare une nouvelle révision du barème de l’aide à la rénovation énergétique, avec une baisse de 50% pour le chauffage domestique au bois. Cette baisse serait applicable au 1re janvier 2025 et en huit mois, elle reviendrait à diviser par trois le soutien de l’Etat à l’installation d’appareils de chauffage au bois, sans distinction de performance, de matière utilisée, de remplacement d’appareils plus émetteur de gaz à effet de serre et de particules fines ou encore de territoires concernés.
Le chauffage au bois (bois bûche et granulé), est pourtant reconnu comme vertueux par de nombreux organismes publics, au premier rang desquels l’Agence de Transition écologique (ADEME). C’est une énergie économique (l’énergie la moins chère, devant le fioul, le gaz ou l’électricité), locale, vertueuse pour l’environnement (elle ne rejette que 26g de CO2 par kWh) et elle s’inscrit dans une logique d’économie circulaire puisque pour le granulé elle est produite à partir des coproduits de l’industrie forêt-bois (sciures de bois pour plus de 90%).
Le granulé de bois permet aussi une diversification du mix-énergétique de chauffage face à la tentation d’un « tout pompes à chaleur » qui nous expose à des problèmes de pic de demande électrique. Le granulé renforce la souveraineté énergétique française (une autonomie nationale de production de 85%). Par ailleurs, le bois bûche constitue un mode de chauffage économe pour les habitants des territoires ruraux qui ont la capacité de produire eux-mêmes leur bois de chauffage en direct ou grâce à des pratiques telles que l’affouage.
Aussi, ce projet de décision apparaît particulièrement contradictoire avec les objectifs de transition énergétique de la France. Pris au nom d’une prétendue concurrence entre les usages industriels (décarbonation des grands sites avec la production de chaleur haute température) et résidentiels, il méconnaît la réalité des processus de production de granulés de bois et de réduction progressive de la consommation de biomasse, à travers le remplacement des anciens appareils de chauffage au bois moins performants par des appareils modernes et efficaces.
l méconnaît aussi les recommandations du SGPE, qui explique dans plusieurs documents de planification (2023 et 2024) que le chauffage au bois domestique peut continuer à être encouragé sous certaines conditions. La décarbonation nécessaire des grands sites industriels ne peut être un prétexte à réduire la politique de soutien au chauffage résidentiel.
En conséquence, elle lui demande de revoir le projet de révision du barème de MaPrimeRenov afin de ne pas pénaliser les citoyens se chauffant aux bois.